L’expatriation et les relations sociales #HistoiresExpatriées

par Alexandra
Histoires Expatriées - Les relations sociales

Nous nous retrouvons aujourd’hui pour le premier article du blog sur les #HistoiresExpatriées. Qu’est-ce que c’est ? Les Histoires Expatriées, c’est un rendez-vous mensuel créé par l’Occhio di Lucie où des expats des 4 coins du monde publient un article sur un thème donné. Ce thème change chaque mois et ce mois-ci, c’est mon amie Kenza du blog Cups of English Tea, expatriée au Canada, qui est la marraine avec le thème “Les relations sociales”. Le sujet me tentait bien et j’avais justement envie de m’épancher sur la question…

J’ai du mal à me faire des amis. Peu importe le pays dans lequel je suis, je n’ai jamais été très douée pour nouer des relations. Je suis timide, assez réservée et introvertie, un combo parfait pour rester chez soi et tricoter indéfiniment mais pas super quand on se retrouve hors de chez soi. En Belgique, j’avais un chouette cercle d’amis, construit lentement mais que je chérissait. Lorsque j’ai déménagé au Portugal pour mon Master, évidemment, j’ai perdu de vue de nombreux amis. J’en avais d’ailleurs déjà parlé dans mon article sur le côté obscur de l’expatriation.

Histoires Expatriées - Les relations sociales - Portugal

Mon expatriation au Portugal

Lors de mon arrivée à Porto en Septembre 2013 (le temps passe tellement vite !), je ne connaissais rien ni personne. Mes premières semaines sur place étaient fatiguantes : il me fallait trouver un appart, déménager et m’habituer au rythme des cours. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que le master dans lequel j’avais été accepté allait être donné en portugais et non en anglais, comme je le pensais. J’ai donc également dû apprendre le portugais en un temps record. Bref, pas le temps pour les amis. Mes premières amitiés furent nouées avec mes colocataires puis graduellement, je me suis rapprochée de l’organisme Erasmus de Porto. Je ne suis pas vraiment une fêtarde et les soirées étudiantes ne m’ont jamais attirées. Je n’étais pas étudiante Erasmus mais mon statut d’étudiante étrangère m’a permis de participer à diverses activités telles que la cuisine traditionnelle ou du bénévolat ainsi qu’à quelques courts voyages dans les environs. J’y ai évidemment rencontré des gens, dont certains qui avaient les mêmes intérêts que moi… Ces amis là me suivent encore aujourd’hui ! Le truc chouette, c’est que ces amis ont continué à voyager ou sont rentrés chez eux, et je peux maintenant aller leur rendre visite (héhé, pas bête !)

À l’université, c’était une toute autre histoire. Nous étions une vingtaine d’étudiants de tous horizons scolaires et j’étais la seule étrangère. J’ai beau avoir un nom de famille et un passeport portugais, je suis née en Belgique et je ne parlais pas portugais. Personne ne m’adressait la parole (mais pour être honnête, personne ne parlait du tout), tout le monde m’évitait par peur de devoir parler anglais. C’est seulement à la fin de ma 1ère année de Master que quelques uns de mes camarades ont commencé à me parler timidement… D’un point de vue positif, j’ai pu me concentrer à fond sur les cours et mon apprentissage du portugais !

Tout achangé quand j’ai rencontré un allemand en VIE (Volontariat International en Entreprise) au Portugal. Nous étions tous les deux perdus, nous avions peu/pas d’amis et nous avons décidé de quitter ensemble le Portugal pour aller vivre en Allemagne où je peaufinerait ma thèse et travaillerais en parallèle.

Histoires Expatriées - Les relations sociales - Allemagne

Mon expatriation en Allemagne

Je suis arrivée à Dortmund, là où mon chéri avait trouvé une colocation avec un de ses amis et je vivais en partie chez lui et en partie chez mes parents en Belgique. Je ne parlais pas allemand (décidément, je dois arrêter de déménager dans des pays dans lesquels je ne parle pas la langue locale) et je le suivais aux soirées avec ses amis. Il était très dur de rentrer dans ce groupe d’amis qui se connaissent depuis la maternelle. Je n’avais donc pas d’amis à moi. C’est à ce moment là que j’ai commencé mon blog. J’y ai rencontré des personnes passionnées, dont certaines que j’ai pu rencontrer et que je compte maintenant comme des amis. J’ai fini ma thèse, reçu mon diplôme et j’ai commencé à travailler dans des studios de design allemands. Pas d’amitié en vue. Personne ne me parlait (encore une fois, personne ne parlait du tout) et mon allemand était trop faible pour faire plus. J’ai quitté mon job, commencé un autre que j’ai également quitté. Puis je suis arrivée en Octobre 2015 à trivago, comme graphiste. Nous avons déménagé à Düsseldorf et j’ai rencontré d’autres expatriés du monde entier. Comme moi, ils ne connaissaient personne et ne parlaient pas allemand. C’était un peu comme retourner en Erasmus sauf que je gagnais de l’argent en même temps !

J’ai noué de belles amitiés et… J’ai quitté de design ! Je me suis retrouvée au chômage, à chercher ce que je voulais faire de ma vie. Je continuais à voir mes anciens collègues/amis, à écouter leurs histoires sur trivago… C’est comme si je n’étais jamais partie ! J‘ai suivis des cours intensifs d’allemand, je me suis rapprochée des amis de mon chéri par la même occasion, et j’ai fini par retourner à trivago comme éditrice de magazine !

Les autres français et francophones expatriés ?

Évidemment, à chaque fois, je jetais un œil à la communauté francophone du pays dans lequel je vivais. Au Portugal, ils étaient tous des fêtards et je les cotoyais uniquement lorsque je donnais des cours de français bénévolement.  Nous n’avions rien en commun et je ne voulais pas traîner avec eux. En Allemagne, j’ai tout de suite détesté l’ambiance du groupe Facebook français. Encore une fois, beaucoup de patriotisme, de politique et surtout des petites remarques désobligeantes par-ci, par-là. Bref, le communautarisme, très peu pour moi.

Histoires Expatriées - Les relations sociales - Acceptation

Et maintenant ?

Aujourd’hui, je garde mes premières amitiés à trivago, c’est les plus fortes. J’ai également un nouveau cercle d’amis, plus récent et plus superficiel. Doucement, un peu comme lors d’un Erasmus, ces amis s’en vont, attirés par un nouveau job ou sont “libérés de leurs jobs”, et je recommence à me retrouver seule. Certains départs m’affectent beaucoup et sont encore aujourd’hui très durs pour moi. Est-ce dont ça l’amitié ? Un renouvellement constant d’amitiés ? Je commence à être fatiguée à faire autant d’efforts pour me reconstruire à chaque fois un petit groupe d’amis. Au fond, je me demande si le problème vient de moi. Pourquoi est-ce si dur de se faire des amis quand on est adulte ? Bref, un questionnement qui n’arrête jamais et qui est assez dur à vivre quand on est expatriée…

Et vous, avez-vous des problèmes pour vous faire des amis ? On se retrouve dans les commentaires !

Découvrez les autres participations aux #HistoiresExpatriées : Ophélie,  Lucie et Clara en Angleterre / Amélie et Laura a Turin / Cécile fait le bilan après plusieurs expatriations /  Ferdy au Canada /  Angélique au  Sénégal /  Mme Dree en Belgique /  Barbara au Québec /  Liz au Koweit /  Hilorico parle du Costa Rica / Marie entre l’Angleterre et l’Allemagne /  Océane, au Québec /  Myriam, en Allemagne /  Kenza, au Canada /  Perrine, au Canada /  Patrick, en Slovénie /  Maëva, en Espagne, en Angleterre puis aux Etats-Unis.

19 commentaires

Barbara 15/10/2018 - 23:04

Il faudra qu’on discute plus en profondeur sur le sujet “problème a se faire des amis”… avec mon mari on se trouve très asociaux malgré que moi je sois super extravertie…(contradictoire maus voilà)
Peut être devrais tu avoir un peu de retenue dans les relations pour voir d’abord ou ça mène….
J’ai adoré ton passage du portugais à l’allemand

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Alexandra 16/10/2018 - 22:37

Coucou Barbara. Oui je pense que je suis un peu trop enthousiaste quand je rencontre quelqu’un et je me vois déjà avec un(e) ami(e) pour la vie… C’est le genre de choses que l’on apprends avec l’âge et je suis définitevement en plein apprentissage 😀
Mais je te comprends totalement. C’est juste pas facile de se faire des amis je crois 😀
Merci pour ton passage sur le blog et ton commentaire !

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Les relations sociales au Québec #HistoiresExpatriées – Terrisse de poche 16/10/2018 - 02:40

[…] – Liz au Koweit – Marie à York en Angleterre – Ophélie en Angleterre – Alex en Allemagne – Barbara à la conquête de […]

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Ophélie G. 16/10/2018 - 07:45

Le communautarisme des expats français, quelle plaie ! C’est pour ça qu’en général, je fuis les Français comme la peste ! En tout cas, je me reconnais bien dans ton parcours ! xx

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Alexandra 16/10/2018 - 22:34

Ah non mais on est d’accord hein, ceux qui sont dans ces groupes c’est vraiment les pires j’ai l’impression… C’est dommage parce que en soit ça pourrait être cool de partager ses galères 🙁 Merci pour ton commentaire, c’est toujours un plaisir de te lire 🙂 !

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Lucie 17/10/2018 - 12:08

C’est vrai que moi aussi en Erasmus j’étais déçue que personne ne me parle, car moi, en France, j’adorais aller parler aux étrangers. Puis je me suis dit que c’était certainement à moi d’aller parler aux autres, bref, de me forcer à faire ce que je voulais voir se passer. C’est terrible quand on est timide à l’intérieur de devoir prendre les devants et se retrousser les manches, mais comme je n’ai pas de patience j’ai tendance à le faire et à me jeter à l’eau plutôt que de nourrir l’espoir qu’l se passe, un jour, quelque chose. Mais je te rejoins sur un point : se faire de vrais amis, avec qui on a une affinité profonde, c’est souvent difficile passé l’enfance où on se construit ensemble. Surtout, ce que je commence à penser, c’est que c’est un processus très long (donc j’apprends la patience, un peu).

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Alexandra 25/10/2018 - 14:46

Coucou Lucie ! Tu as complètement raison ! J’ai aussi essayé de me forcer à aller parler aux gens de ma classe par exemple mais j’avais l’impression d’être fausse, d’essayer d’être quelqu’un d’autre. Ca a du sens? Du coup j’ai abandonné 😀

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GAHO 17/10/2018 - 17:19

Je viens de tomber sur ce blog car je cherchais un patron d’écharpe sur le thème Harry potter. Curieuse, j’ai donc continué à le “feuilleter” et suis tombée sur cet article. Il m’a beaucoup intéressé et touché aussi.
Je te trouve très courageuse. J’adorerais aller travailler au canada , j’ai toujours voulu partir à l’étranger en dehors de simples vacances (ce dont je me contente pour le moment). Il faudrait que je me jette à l’eau mais mon expérience personnelle m’a posé pas mal de limites. (je me cherche peut etre des excuses, à moi de me surpasser) bref, je voulais dire que moi aussi je te rejoins sur la difficulté de se faire des amis. pas pour le coté expat que je ne connais pas mais je dirais en tant qu’adultes. Je suis assez timide et renfermée certes mais aussi assez sociale (oui c’est bizarre) j’ai besoin des deux dirons nous. Mis à part des amis de toujours, rencontrés pendant les études (ce qui doit faire 6) je n’ai jamais réussi depuis que je suis dans le monde du travail à intégrer un nouveau cercle social. Mes collègues ont tous des enfants, une famille, leur propre vie. Et puis , il faut croire que c’est plus compliqué quand on est adulte. les gens se méfient, ne font pas confiance à tout le monde. Je me suis souvent posé la question car s’il ne me reste aussi “que” 6 amies , j’ai toujours eu une certaine facilité à créer des liens par le passé. D’où mon questionnement sur la dureté de la chose à mon âge (29 ans). Je me demande si ce n’est pas la vie finalement qui rend cela plus compliqué, qui isole les gens ,Ou bien , peut etre suis je trop différente? je ne sais pas. si un jour tu as une idée de réponse, je suis preneuse. A bientôt. Aurélie

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Alexandra 25/10/2018 - 14:51

Coucou Aurélie ! Et bien, bienvenue et merci d’avoir continué ta lecture 🙂 Tu sais, il n’y a pas de pression à partir. C’est vraiment un processus qui est différent pour chacun. Je peux totalement comprendre que tout le monde n’a pas l’opportunité de partir sur un coup de tête comme je l’ai fait 🙂 Je suis sûre que c’est une décision que tu ne regrettera pas en tout cas 😉
Tu parles que c’est la vie qui rends les choses compliquées et je pense que tu as raison. Je pense même qu’on peux pousser à dire que c’est la société qui nous rends méfiants et qui réfreine les amitiés… Des fois je me demande même si les gens ne deviennent pas de plus en plus égoïstes et ne veulent plus vraiment ouvrir leur petit monde à quelqu’un de nouveau ?
Quoiqu’il en soit, il vaut mieux des amis sur lesquels tu peux compter plutôt qu’une ribambelle de connaissances, à mon avis 😉

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A French in Mexico 18/10/2018 - 21:45

Hello Alex, j’ai beaucoup aimé ton article! C’est intéressant car tu as une vaste expérience d’expatriée, ce qui te permet de prendre du recul et d’analyser les choses. Et tu sais quoi, moi aussi ça ne passe pas trop avec les communautés françaises! J’ai essayé…mais ça n’a pas marché!
Au plaisir de te lire 🙂

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Alexandra 25/10/2018 - 14:53

Salut Hélène ! Merci pour ton commentaire, ça me fait plaisir de te lire 🙂 Je me demande qui se retrouve dans ces communautés françaises au final, parce qu’on est beaucoup à ne pas supporter ça 😀

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#HistoiresExpatriées : Les relations sociales – QUOTIDIEN D'UNE EXPATRIÉE AU JAPON 19/10/2018 - 06:14

[…] * Angélique au  Sénégal * Mme Dree en Belgique * Barbara au Québec * Liz au Koweit * Alex entre le Portugal et l’Allemagne * Hilorico parle du Costa Rica * Marie entre l’Angleterre […]

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Lucie 20/10/2018 - 05:58

Se faire des amis c’est deja pas evident chez soi alors a l’étranger c’est encore pire. Ca demande beaucoup d’effort, d’aller vers les autres…ce qui n’est pas toujours evident surtout quand on est une personne réservée (perso je suis assez introvertie donc je me forcer a aller vers les gens, au bout d’un moment on prend l’habitude).

Je me retrouve pas mal dans ce que tu dis dans ton dernier paragraphe: devoir refaire le cercle d’amis a chaque changement de job/déménagement c’est fatiguant au long terme. En Angleterre, j’ai connu ca car on déménageait et changeait de boulot tous les 18 mois environ. Quand je suis arrivée a Ipswich en 2016, je m’étais dit que c’était la dernière fois et j’ai vraiment fait un effort pour maintenir les relations, avoir des activités sur place, sortir avec mes collègues. Ca a plutôt bien marche…et rendu le depart pour la Nouvelle-Zélande encore plus difficile. La encore, il faut tout reprendre depuis le debut et honnêtement, j’ai passe la trentaine et j’arrive au stade ou j’ai envie de me poser quelque part, avoir un cercle d’amis proches (vu que la famille est loin). Vivre a l’étranger ca complique vachement les choses 🙂

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Alexandra 25/10/2018 - 14:56

Je compatis, Lucie ! Tu as aussi bien voyagé et je pense que j’arrive au même stade que toi : plus proche de la trentaine que de la vingtaine, j’ai envie de me poser et d’avoir mon petit cercle d’amis… Merci pour ton commentaire, je me sens bien moins seule maintenant 🙂 !

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Eva 22/10/2018 - 04:21

Le groupe des expat français, je comprends tout à fait. Parfois ce sont les pires… quand on vit à l’étranger et qu’on est en quête de compatriotes on a tendance à essayer de sympathiser avec tout ceux qu’on croise, à devenir amis avec des personnes qu’on ne coutoierait pas sur le sol français. Je me suis faite avoir au début, mais maintenant je suis contente d’avoir su trier et me créer un bon cercle d’ami/es français/es.

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Alexandra 25/10/2018 - 14:58

Et pourtant j’essaie vraiment de trouver quelque chose en commun avec ces gens mais… non, il n’y a pas moyen. Je me suis même demandée si c’était dû au fait que j’étais belge et non française mais bon. Après les quelques remarques sur mon manque d’accent belge (“oh mais, t’as pas l’accent, j’aurais pas pu deviner que tu étais belge!”) et puis les blagues lourdes sur les belges (“désolée pour la coupe du monde, hein”), je pense que j’en ai juste marre d’essayer 😀

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Aurore 24/10/2018 - 17:50

Je te rejoins sur plein de points : la difficulté des pays où on ne parle pas la langue, la difficulté de se faire des amis à l’âge adulte, les expatriés français parfois très spéciaux (en Asie, c’est insupportable, c’est à la limite du colon pour certains…) !

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Alexandra 25/10/2018 - 14:59

Coucou Aurore ! C’est vrai, c’est si horrible que ça les expats français ? Je pense que c’est une nouvelle maladie 😀

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Alexandra 25/10/2018 - 14:59

Et pourtant j’essaie vraiment de trouver quelque chose en commun avec ces gens mais… non, il n’y a pas moyen. Je me suis même demandée si c’était dû au fait que j’étais belge et non française mais bon. Après les quelques remarques sur mon manque d’accent belge (“oh mais, t’as pas l’accent, j’aurais pas pu deviner que tu étais belge!”) et puis les blagues lourdes sur les belges (“désolée pour la coupe du monde, hein”), je pense que j’en ai juste marre d’essayer 😀

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